Stéphanie, 37 ans a abandonnée son travail chez Sony Pictures Entertainment à Londres et la France depuis 15 ans pour vivre avec ses huskies.
Bonjour Stephanie et merci du temps que tu nous accordes.
J’ai quitté la France en 1998 juste à ma sortie de l’Université Catholique de l’Ouest où j’ai passé un diplôme de traducteur (anglais-français). J’ai ensuite passé dix ans à Londres où j’ai travaillé comme Chef de Projet dans l’industrie du sous-titrage. Je vis près de Kiruna dans le Nord de la Suède depuis 5 ans.
L’élément déclencheur de mon départ a été un séjour de chiens de traîneau en Suède qui m’a fait découvrir ce bout du monde magique. Je ne suis pas partie sans réfléchir. J’ai bien pesé le pour et le contre, les risques… Avant mon départ, j’avais déjà un contrat d’embauche en tant que « dog handler », donc mon aventure était planifiée et préparée.
Je n’avais jamais eu de chiens. Ma famille vivait dans un appartement au 3ème étage en plein centre ville. Pas idéal pour avoir un chien :s
Quand j’ai choisi mon séjour de chiens de traîneau, j’ai choisi la suède un peu par hasard, parce que les dates et le prix du voyage correspondaient à mes besoins et à mon budget. Ensuite, je suis revenue travailler comme volontaire au chenil qui m’avait accueilli en tant que touriste, la suède donc, au départ, ce fut un peu par hasard. Mais c’est un pays que j’aime beaucoup car il y a de grands espaces avec peu d’habitants. Le respect de la nature fait aussi partie de la culture suédoise.
Les choses les plus agréables ont été de s’occuper de 57 huskys sibériens, tous aussi câlins les uns que les autres. La chose la plus dure a été … de s’occuper de 57 huskys sibériens !!!! 😉 Ces chiens sont très malins … Ils ont vu venir la petite française sans expérience et ils en ont profités !!! Plusieurs fois, quand je nettoyais les enclos, ils se glissaient rapidement entre moi et la porte et … s’échappaient!!! Il a donc fallu apprendre à se faire respecter 🙂
En hiver, il peut faire -5 comme -35, cela varie beaucoup. Mais le froid n’est pas désagréable car c’est un froid sec. Moi qui viens de Bretagne sud où il peut faire froid et humide, je trouve ce climat beaucoup plus agréable. Au mois de novembre et décembre, il n’y a que quelques heures de jour, mais je n’y pense pas. Il faut juste s’assurer de toujours avoir des piles pour la lampe frontale 😉 … Mais c’est plus agréable quand le soleil réapparait au milieu du mois de janvier et que les jours sont plus longs.
As tu des favoris? si oui pourquoi?J’ai 12 chiens : 6 mâles, 6 femelles, 8 alaskans et 4 sibériens, âgés entre 1 ans et 5 ans. J’essaie d’avoir des alaskans avec un bon pelage polaire. J’ai eu mes 4 premiers chiens par une amie qui avait trop de chiots, puis j’ai acheté les autres. Tous mes chiens viennent de Suède. De chenils autour de chez moi ou de chenils près de Östersund. J’essaie de les acheter quand ce sont des chiots mais j’ai eu certains de mes chiens alors qu’ils étaient déjà adultes. Quand on travaille professionnellement avec des chiens de traîneau, on a parfois besoin de chiens « prêts à l’emploi » car les chiots ne peuvent pas travailler à 100% avant d’avoir au moins 18 mois. Je prévoie d’accoupler une de mes femelles sibériennes cet été avec un mal d’un autre chenil.
Peu tu nous faire partager une histoire que tu as pu avoir avec tes chiens ou avec un de tes chiens en particulier ? (une anecdote, un moment agréable, émouvant)Mon tout premier chien s’appelle Indi et c’est bien sûr un de mes préférés. C’est un alaskan mais avec beaucoup de sang sibérien et peut-être un peu de malamute ! Il a une telle fourrure !!! Et puis, j’ai des jeunes femelles avec lesquelles j’ai une relation particulière. Elles semblent beaucoup plus intelligentes que mes mâles … Elles préfèrent passer un moment dans mes bras, à se faire câliner, plutôt que de s’amuser avec les autres dans la grande cours où je laisse courir mes chiens en liberté.
Deux petites histoires.
La première se passe avec les sibériens de la société pour laquelle j’ai travaillé. Une femelle était enceinte, en fin de grossesse. Je venais de finir de nourrir les chiens (environ 75 sibériens) et je m’apprêtais à nettoyer les enclos. La chienne de tête que je conduisais à l’époque s’est mise à hurler et à sauter violemment sur la porte grillagée de son enclos. Je ne comprenais absolument pas son comportement. J’ai regardé si elle était blessée ou avait un problème quelconque, mais je n’ai rien vu. Son enclos se situait à 3 enclos de la femelle enceinte. Elle continuait de hurler et de sauter sur la porte… Quand j’ai commencé à nettoyer l’enclos de la femelle enceinte, j’ai entendu un petit cri aigu… j’ai regardé dans la niche… et un premier chiot était blotti sous les pattes de la femelle…. Je suis sortie pour aller prévenir le propriétaire du chenil et quand je suis revenue, je me suis aperçue que ma chienne de tête était maintenant parfaitement calme et me fixait du regard. J’ai alors compris qu’elle avait essayé de me prévenir de la naissance du chiot !
Deuxième histoire
Je me promenais dans la forêt au printemps avec mon chien Indi. J’ai entendu un bruit dans des buissons, comme quelque chose de gros qui avait bougé. Je tenais Indi en laisse et il s’est arrêté net. J’ai tiré un peu sur la laisse et il s’est transformé en poids mort. Il refusait d’avancer et ne faisait aucun bruit. Normalement, il gémit un peu pour me montrer son désaccord. J’ai alors pensé que si mon chien ne voulait pas avancer et semblait avoir peur, il y avait sans doute une bonne raison et que je devais peut-être l’écouter… J’ai fait marche arrière très silencieusement avec Indi. Quelques jours plus tard, j’ai parlé avec des amis qui m’ont dit qu’Indi avait vraisemblablement senti un ours dans les buissons…. C’est un coin de la forêt où on peut en rencontrer et c’est le seul animal sauvage dont les chiens ont vraiment peur… Mon chien m’a sauvé la vie ce jour-là.
Morale des deux histoires : écoutez vos animaux, ils ont leur propre façon de vous parler…
Je suis guide de chiens de traîneau. J’apprends aux gens à conduire un traîneau et je les emmène en ballade à travers la forêt, des lacs et des rivières gelés. J’essaie de leur faire partager un moment de notre vie avec les chiens. Pendant les séjours, ils apprennent à mettre les harnais aux chiens et à les atteler au traîneau. C’est parfois fatiguant, mais c’est tellement beau de se retrouver sur le traîneau au milieu de ces paysages féeriques et de se dire qu’on est payé pour cela !
Je suis abonnée à leur « newsletter ». Je reçois le résumé journalier de la course. Milos Gonda, vainqueur en 2011, habite tout près de chez nous. Je le croise souvent sur les pistes, quand il s’entraine. C’est un excellent musher et un type sympa. Au passage, je recommande à vos lecteurs de regarder la vidéo sur votre site « Dallas Chien de Tête ». Superbe vidéo et on y voit de très belles images de l’odyssée.
J’ai déjà pensé à la compétition… J’aimerais participer à la Pasvik Trail, une course norvégienne qui se tient au mois d’avril. Mais sans doute pas avant un ou deux ans car mon activité touristique prend tout mon temps actuellement.
La vie est trop courte pour ne pas essayer de vivre ses rêves…
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